Alain Huyghues-Lacour, qui a bien de la chance, revient du salon de l'Arcade. Il vous présente en exclusivité les toutes dernières nouveautés. Vous les verrez bientôt chez les forains et dans les salles spécialisées.
Le salon annuel des jeux automatiques s'est tenu dans le parc des expositions du Bourget, du 6 au 9 décembre. L'appellation jeux automatiques recouvre tous les jeux qui sont utilisés principalement dans les cafés, les fêtes foraines et les salles d'arcades. Dans ce salon, strictement réservé aux professionnels, on pouvait découvrir toutes les nouveautés en matière de flippers, billards, bowlings, babyfoot et, surtout, les jeux vidéos. Dans le domaine de l'arcade, on constate une dominante très nette de jeux qui peuvent être joués simultanément à deux, voire à quatre. Deux types de machines sont représentées: le modèle standard, dont le prix moyen se situe dans les 15.000 F, et des machines très sophistiquées qui valent entre 100 et 200.000 F.
Ces superbes machines ne sont évidemment pas à la portée de toutes les bourses et vous avez peu de chances d'en voir une dans votre salle d'arcade habituelle et encore moins au café du coin. Celles-ci sont généralement achetées par des forains qui sont les seuls à pouvoir les rentabiliser en passant d'une ville à l'autre. Lorsqu'une fête foraine passe dans votre ville, allez donc jeter un coup d'œil, ça vaut le déplacement car certaines de ces machines sont fantastiques. Les Japonais sont vraiment les rois de l'arcade et cette année, les deux machines les plus impressionnantes étaient présentées par Sega et Taito. Galaxy Force, un magnifique shoot-them-up de Sega, était disponible en trois versions différentes: standard, version assise avec inclinaison du siège et une version luxe, absolument incroyable. Celle-ci est montée sur un socle sphérique de deux mètres de diamètre qui pivote sur lui-même et s'incline dans, toutes les directions. Vous vous asseyez face à l'écran dans un siège confortable, une main sur la manette de vitesse à votre gauche, l'autre sur le manche à balai pourvu d'un bouton de tir et vous voilà parti dans les étoiles... Quelle aventure! Le jeu est du type Afterburner dans l'espace. Vous descendez quelques vaisseaux ennemis et vous arrivez face à un astéroïde sur lequel se trouve l'entrée d'un tunnel. Votre vaisseau s'y engage et fonce entre les gigantesques parois, il négocie des virages très raides pour se retrouver souvent face à des tourelles de tir ennemies. Et pendant ce temps, vous tournez en même temps que votre vaisseau d'une manière très réaliste. On ne sait plus où on habite et lorsqu'on est là-haut, on n'a plus du tout envie de redescendre. Les courses de voitures sont toujours aussi populaire, aussi étaient elles omniprésentes dans ce salon. On pouvait essayer la version assise, pour deux joueurs, de Final Lap dont nous vous avons parlé dans le numéro précédent. Et puis il y avait surtout Power Drift, le nouveau hit de Sega. Il s'agit d'une extraordinaire course sur vingt-cinq circuits avec des ponts délirants et des virages en épingle à cheveux. Après Out Run, Sega démontre une nouvelle fois sa maîtrise de l'animation en 3D. Les graphismes sont superbes et tout va très vite. Quand le pont descend, puis remonte, on est saisi par le réalisme de la course et on se laisse griser par une fantastique impression de vitesse. Il faut terminer un parcours dans les trois premières places pour pouvoir passer au suivant et, pour y parvenir, il faut vraiment des réflexes à toute épreuve. L'humour est également au rendez-vous: on choisit le conducteur parmi une galerie de personnages assez drôles et, pendant la course, celui-ci se retourne souvent pour vous adresser des signes de victoire. Power Drift sera indiscutablement l'un des plus gros hits de l'année.
Taito n'était pas de reste et présentait Chase HQ et Continental Circus. Ce dernier est une course de Formule 1, assez classique, du type Pole Position. Sa particularité repose sur la présence d'une sorte de viseur qui permet une vision en relief de l'écran. Mais l'effet ainsi obtenu n'est qu'à moitié convaincant et ne justifie pas à lui seul que l'on investisse ses économies dans cette machine peu excitante.
En revanche, Chase HQ est une petite merveille. Vous conduisez une voiture de police, mais comme cela se passe aux USA, il s'agit quand même d'une Porsche. Le quartier général vous envoie un message vous indiquant que des criminels sont en fuite à bord d'une voiture dont on vous donne le signalement. Vous mettez le gyrophare et c'est parti. Votre Porsche fonce à toute allure à travers la ville, en suivant les indications qui vous sont données sur la route à suivre. Pour gagner du temps, il faut parfois enfoncer des barrières et couper à travers un terrain vague dans lequel il n'est pas facile de garder le contrôle de son véhicule. Lorsque votre objectif est enfin en vue, il faut mettre le turbo pour le rattraper (ne ratez pas votre coup car vous ne pouvez l'utiliser qu'à trois reprises durant une poursuite). Vous devez alors heurter l'autre véhicule, à plusieurs reprises, pour l'arrêter. Mais celui-ci vous rend les choses difficiles en se faufilant au milieu des autres voitures et il y a une circulation importante. Lorsqu'elle est suffisamment endommagée, la voiture s'arrête et vous procédez à l'arrestation des criminels avant de repartir pour une nouvelle poursuite. C'est un jeu passionnant qui bénéficie d'une superbe animation, digne en tous points de celle d'Outrun.
Chase HQ rappelle ce grand succès de Sega, mais avec, en plus, l'excitation de la poursuite et un côté auto-tamponneuse des plus plaisants. Dans le cas de la version assise, on monte dans une petite voiture qui se penche dans les virages et, lorsqu'on utilise le turbo, on se retrouve collé à son siège, comme sous le coup d'une forte accélération. Chase HQ est un grand jeu d'arcade qui devrait beaucoup faire parler de lui..
Les jeux de combats étaient également présents en force, mais il n'y avait guère de nouveautés. On retrouvait avec plaisir le superbe Dragon Ninja, qui devrait bientôt arriver sur nos micros, ainsi que Ninja Warrior, un programme qui se déroule sur trois écrans disposés dans le sens de la longueur. Bien qu'il ne soit pas très récent Robocop remportait toujours un franc succès et il faut bien reconnaître que c'est un excellent programme. Konami présentait Main Event, un nouveau programme de catch superbement réalisé Quatre joueurs peuvent s'affronter simultanément en d'incroyables matchs de catch à quatre. Taito, décidément omniprésent dans ce salon, présentait Best Samurai, un beau jeu de combat dans lequel on utilise aussi bien le kung-fu que le sabre.
Apache 3 est un shoot-them-up de Tatsumi dans lequel on pilote un hélicoptère de combat, représenté en 3D. C'est un bon programme, mais qui n'atteint pas la qualité de Thunder Blade. Dans la série des remakes, il y avait également Cabal, de Tad, qui n'est pas sans rappeler Operation Wolf L'action est représentée en 3D et vous devez abattre des soldats ennemis ainsi que des tanks et des hélicoptères.
En revanche, votre personnage est représenté sur l'écran et vous devez vous déplacer pour éviter les tirs de vos adversaires et ramasser différentes armes qu'ils laissent échapper. C'est un programme plaisant, bien qu'il manque nettement d'originalité. Gain Ground de Sega fait penser à un autre classique: Gauntlet L'action est vue de dessus et on peut choisir parmi plusieurs personnages disposant d'armes différentes. Dans chaque tableau, il faut combattre de nombreux adversaires avant de se diriger vers la sortie pour accéder au tableau suivant. Ce n'est pas mal mais pas d'une grande originalité Play Choice-10, la nouvelle machine d'arcade de Nintendo. tente une percée sur le marché. Il s'agit d'une machine de taille standard contenant dix cartes qui peuvent être changées par la suite. Le joueur a le choix entre dix jeux différents, avec des titres célèbres comme Super Mario Bros, Double Dragon, Bubble Bobble 2 ou Operation Wolf Autre particularité de ce système elle vient du temps de jeu. En effet l'idée est basée sur le fait que les très bons joueurs jouent très longtemps tandis que les novices font, pour le même prix, des parties très courtes. D'où la solution Nintendo acheter du temps d'occupation de la machine, pendant lequel on peut même changer de jeu. Cette formule, assez révolutionnaire, pourrait remporter un certain succès... A suivre.
Autre surprise : la présence de Sisteme, une société française installée à Montpellier qui représentait Punk & Jump, son premier jeu d'arcade, commercialisé depuis janvier. Cette jeune société est la première firme française à tenter une percée sur ce marché très fermé, dominé par les Japonais. Il faut bien du courage pour se lancer dans l'aventure, d'autant plus qu'une telle société est bien loin de disposer des moyens colossaux des géants japonais. Malgré ce lourd handicap, Sisteme prépare déjà un second jeu d'arcade et prévoit de réaliser les conversions sur ST et Amiga.
Alain Huyghues-Lacour